Lettres Citoyennes Éparses

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COMMENTAIRE ET REFLEXIONS SUR UN ARTICLE D'EDGAR MORIN

 

 

Mes réf. : Le Monde du 1er janvier 2003 « Vers l’abîme ».

 

Certes, il est vrai, que les progrès de la production scientifique, technique et industrielle ne cessent de s’accroître dans une mondialisation socio - économico - financière accrue et, de ce fait, dérégulée, débridée à outrance mais qui n’a cure des effets pervers de la paupérisation de plus en plus aiguë, ostensible sur une part dangereusement croissante de la population de tous les pays soumis à un standard de vie et de développement florissants, débridés et quasi uniformes, où les critères de rentabilité, de profit et de crédit contraignent et conditionnent de plus en plus les espaces libéraux de production, de consommation et de libre concurrence, dans nos existences quotidiennes.

 

Bien entendu, il est plus aisé pour les gouvernements occidentaux de nos sociétés libérales et capitalistes de tenter de gérer cette overdose critique de manière clinique, comptable et autoritaire en réduisant, autant que faire se peut et au coup par coup, les avantages sociaux acquis réputés, selon eux, inflationnistes mais, en vérité, le plus souvent instaurés, naguère, pour prévenir et éviter, précisément, la pauvreté endémique en préservant le consensus socio-économique le moins défavorable possible face aux ravages du chômage, du sous-emploi et de l’indigence médico-sociale galopante.

 

Et, bien sûr, on est tenté en haut lieu de réduire au premier chef, brutalement et gravement, les dépenses de santé, le soi-disant impact négatif des retraites, des avantages sociaux et des 35 heures sur les rouages inflationnistes de notre cycle capitaliste, etc… Bien entendu, puisqu’il faut retrouver la rentabilité et le profit à tout prix, il n’y aurait qu’à supprimer ou effacer dans la foulée toutes ces activités, résistances ou présences hybrides, qui risqueraient de contrarier ce nouveau schéma directeur. Comme si, ce sacro-saint libéralisme ne se justifiait et ne s’expliquait  que par sa, soi-disant, vocation autoritaire d’ interventionnisme de crise en situation de régression socio-économique !

 

Hélas, paradoxalement et tragiquement, le chien de l’économie ne pourrait dans ces conditions que finir par se mordre la queue, car ni les politiques publiques ni l’éthique commerciale des sociétés ne veulent ou ne peuvent plus réguler la spirale vertigineuse des circuits, des pressions monétaires et financières internationales, puisque les investissements du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest se font et se défont au rythme syncopé et anarchique des seuls intérêts boursiers et financiers dénationalisés, délocalisés et, le plus souvent, dématérialisés.

 

Qu’est-ce à dire, si ce n’est que les cours et la maîtrise de ces richesses ne cesseront de se révéler aussi subtilement variables et imprévisibles que de trop ambitieux bulletins-météo s’efforçant d’évaluer et de prévoir à l’échelle du globe les variations de hausse et de baisse des Valeurs boursières et financières comme autant d’aléatoires températures économiques en n’importe quel point de la planète. Voyez comment le calme après la tempête ne parvient même pas à nous aider à retrouver la maîtrise des conséquences d’ inondations, de glissements géologiques et de tremblements de terre. Comme si les catastrophes naturelles ne pouvaient qu’être à la mesure des catastrophes sociales et culturelles, morales et humaines, qui compromettent l’équilibre de nos sociétés et des individus, de manière d’autant plus redoutable, qu’elles sont, soi-disant, imparables et endémiques… 

 

Soit ! L’économie peut et doit évoluer mais l’adaptabilité des conditions existentielles de l’être humain ne peut lui permettre ni les mêmes fluidité, ubiquité, volatilité ou versatilité que de simples titres de placement ou de paiement . Ainsi, bien que les moyens et les conditions de communication en temps réel entre individus, sociétés et états n’aient jamais été aussi développés, il n’y a jamais eu autant d’incompréhensions et de conflits sur notre planète. Les affrontements ethniques et religieux attisés par les dérèglements économiques et sociaux deviennent des ferments banalisés de lutte effrénée pour le pouvoir et l’hégémonie totalitaires et sont entretenus par la seule vertu du pouvoir de subornation de l’argent, de l’obscurantisme et du totalitarisme idéologiques et politiques, qui n’hésitent pas à faire cause commune, n’étant plus, depuis déjà longtemps, à une hypocrite compromission près.

 

Or, ni les calculs, les mécanismes et les conceptions économiques et sociales les plus audacieux, par nature abstraits, ne sont jamais parvenus à instaurer ni à installer, définitivement, chez les individus un progrès apaisé et une sérénité durable dans le contraignant contexte quotidien. L’accession à la joie de vivre et au bonheur ne se réalise plus que grâce à un effort de remise en question psychosociologique quasi permanent.

Le psychisme de l’individu doit, même, se faire violence pour atteindre au simple bien-être existentiel. Et que dire de la gymnastique intellectuelle, morale, affective et relationnelle à multiplier pour prétendre accomplir sa propre destinée sociale selon les caractéristiques et les qualités ordinaires mais légitimes de sa propre personnalité.

 

Dès lors, à quel saint se vouer pour donner un sens économique, social et culturel à nos efforts et à nos sacrifices dans ce climat de marasme instable et délétère, au moment où une récente étude ou enquête parue ce 20 novembre 04 dans le Monde nous révèle qu’au plus haut sommet de l’État, c’est à dire à l’Élysée, les seules dépenses de « fonctionnement » ont dérapé en 10 ans de plus de 530 % jusqu’à la dimension abyssale de 39 millions d’euros . Je veux croire que les tonneaux de l’Élysée ne sont pas devenus ceux des Danaïdes mais tout de même ! Peut-être, serait-il de bon ton et d’une transparence élémentaires, si ce n’est de contrôler, du moins d’évaluer la répartition des dépenses et ainsi, de limiter – un tantinet ! - les postes trop dispendieux . Tout comme, d’ailleurs, à la Sécurité sociale, à la Poste, à la SNCF, à l’Éducation Nationale, à l’Hôpital, etc… Ou bien, y aurait-il dans notre République une information tamisée et discrétionnaire, de rigueur dans certains domaines de notre vie publique voués au « deux poids, deux mesures » ?

 

On ne peut faire appel à la générosité et à la tolérance de tout un peuple dans les mauvais moments, si l’on n’instaure et ne respecte pas une règle et des critères de vie communs à tous les hommes d’un même pays donnés en toutes circonstances heureuses ou malheureuses. De là, la nécessité de prendre la mesure de la nécessaire sauvegarde des grands équilibres, y compris, en compensant les pertes, les déficits ou les faillites de certains secteurs déclarés d’utilité publique par des transferts financiers et humains de secteurs à productivité excédentaire comme, par exemple, les carburants, les autoroutes, les jeux, etc….

 

La même péréquation devrait pouvoir s’appliquer aux retraites, à la formation, etc… .

 

Qui vivra, verra

 

« VITRAUX INTIMES »      -8

 

                                                                                                      CALVERO



13/03/2019
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