Lettres Citoyennes Éparses

Lettres Citoyennes Éparses

DES CONFIDENCES DE CUPIDON EN SON PETIT LEXIQUE D’AMOUR ILLUSTRE... DE A à Z

A

MOUR. Que je m'affiche ou me cache en ce bas-monde, j'atteste depuis toujours, qu'il n'est point d'aussi juteuse affaire qui s’échange, s'arrache ou se viole, se négocie et se traite, se vende ou s'achète par simple envie ou sous l’ emprise d’un désir.

C’est ainsi que de mon premier à votre dernier souffle mais au gré de mon humeur ou de mes caprices, je revêts mes sortilèges de pudeur et de candeur, de fantaisie et d'humour, de froideur et de misanthropie, de provocation et de violence, de licence et de vice selon partenaires, pays, époques ou circonstances.

Et à chaque fois, l'espace d'un clin d’oeil ou d'un soupir, d'un aveu ou d'un désir, la fascination envahit secrètement tous ceux que j' inspire, je touche ou je blesse .

 

B

EAUTE. Tu n'es pour moi, que ce que le lit est à la rivière : nécessaire mais notoirement insuffisante.

Ils peuvent bien tonner, tes canons : sache, que je ne me rendrai, pour autant, qu'au charme envoûtant du philtre de tes caresses et de tes baisers.

Et croirais-tu, même, me tenir à ta merci, que je n'aurais de cesse d'aller chercher derrière le tain du miroir de tes apparences charnelles l'autre reflet, exigeant, insaisissable et flou, de la sincérité de tes émotions et de tes sentiments pour moi.

 

C

OEUR. Champion de l'émoi, tu es le vainqueur de tous mes tournois, où ton galop résonne, déjà, comme l’écho de mes victoires et ne laisse dans son éblouissant sillage que frou-frou de dentelle et larmes de joie.

Jusqu'à l'altière Raison qui m'y cède le pas en n'osant briguer sournoisement que l'aumône de mon insouciante générosité.

 

D

ESIR. Du seul tour de clef de ma libido tu verrouilles les trois points : pulsion, passion, possession pour ne la laisser s'ouvrir qu'à la combinaison :

 

*              émotion répandue

*       au bord de l’extase muette

*           devant  l’exténuement des sens

           

E

ROTISME. Oui, c'est bien toi, qui fais palpiter, vibrer et revivre à l'infini l'énergie séductrice de nos formes et  nos appâts, que tu en gazouilles comme le chuintant filet de source ou grondes comme le fracassant orage.

Mais c'est toi aussi qui t' ingénies à tirer de ma palette les harmonies insoupçonnées de ce clair-obscur secret propice au ravissement et à l'épanouissement de chaque personnalité profonde.

 

F

EMME. Sans le filigrane transparent de ta féminité je ne serais qu'un leurre, qui se dessècherait d'heure en heure.

Car, toi, tu sais donner, amplifier et perpétuer la vie sans oublier de modeler l'âme. Faire, défaire et refaire notre vaste toile, c'est là, je crois, ta vocation et ton voeu, ma ... Pénélope.

Tu es la source et le ruisseau, l'onde et le bâteau, la branche et l'oiseau sous les rayons de soleil et de lune de ton lumineux manteau.

 

G

ENITAL (Organe). Tu n'hésites jamais à me donner la dimension et la vertu fondatrices originelles dans l'attirance et l'accouplement des sexes, sans pour autant les priver de leur capacité de jouissance et de félicité renouvelées.

C'est ainsi qu'hommes et femmes ont dû pouvoir  traverser sans trop d'encombre le sidéral, le minéral, le végétal et l'animal vers une Humanité toujours plus haute. A quand donc...le viscéral ?

 

H

YMEN. Petite voile diaphane et intime que vents et marées féminins gonflent pour le plaisir de me la laisser déchirer, en espérant obstinément, que je veuille bien lui substituer un autre voile... nuptial, celui-là, arrimé à une ensorcelante bague au doigt.

 

I

NFIDELITE. Tu es pour moi, ce que les condiments et les épices sont à la gastronomie : gage de saveur, de piquant et d'évasion.

Mais tous ces plats exotiques, parfois, lourds à digérer, sont à consommer avec modération selon régimes, âges et... tolérance réciproque !!

 

J

ALOUSIE. Fleur funeste, que je laisse proliférer de manière endémique, surtout, chez les sujets atteints de bêtise aggravée, d'égoïsme aigu, de médiocrité chronique et un peu trop enclins à escamoter mes espaces de joie et de liberté par de fallacieux et illusoires artifices.

 

K

AMA-SOUTRA. Son symbolisme amoureux tient en haleine ma vaste mémoire du plaisir en abolissant, sans coup férir, toute frontière entre mon registre amoureux et le champ de l'imaginaire érotique.

La plastique sexuelle vient soutenir ici la formidable capacité onirique des postures du désir, où la monstruosité d'accouplements rupestres rivalise de fantaisie et de légèreté avec ceux des voyages en apesanteur.

 

L

IT. Lieu géométrique de toute carrière amoureuse et creuset magique où rêve, libertinage, plaisir et licence se partagent les faveurs de la geste de sirènes sur la toile d'ombres de nos fantasmes, de nos penchants et de nos aveux.

Mais séjour thérapeutique à recommander sans modération à tous ceux qui souffrent de symptômes d'ennui, de noir pessimisme, de frileuse solitude ou de banale vieillesse.

 

M

ARIAGE. Mais pourquoi les liens physiologiques naturels d'un homme et d'une femme seraient-ils moins légitimes que ceux de leur union civile et/ou religieuse ?

Ciel et terre, mer et montagne, saisons et astres ont-ils été contraints de s'unir par contrat avant de nous prodiguer tant d'éléments irremplaçables et de bienfaits d’un aussi harmonieux et inaltérable rayonnement ?

Faudrait-il s'appartenir conjointement pour prétendre pouvoir conjuguer définitivement réussite et liberté, morale et félicité, bonheur et existence ?

 

N

UDITE. Tu incarnes l'aspect physique naturel de la vie mais tu comportes, aussi, la révélation puissante de l'innocence et de la grâce, qui arment, déclenchent et retiennent séduction et désir secrets de l'autre.

C’est ici que la lascivité provocante de l'empire des sens suscite et soutient l'exigence sublimée de pureté originelle dans la quête éperdue de fusion amoureuse entre deux êtres…ou plusieurs.

 

O

RGASME. C'est mon intense phase hallucinatoire de contraction, de projection, de possession et d'échappement simultanés de jouissance et de plaisir entremêlés de la chair et de l’esprit.

Comme une sensation de puissance et de vertigineux abandon tétanisant de concert jusqu'à la matérialité de nos corps comme pour mieux les éterniser !

 

P

ARFUMS. Ils m'excitent, parce qu'ils flattent et réconcilient les petites imperfections d'odeurs et de saveurs de nos attributs et de nos formes dans mon impérieuse hâte de vous voir consommer mon plaisir sans cesse renouvelé.

Comme ces nards exhalés de ronds nénuphars roses fouillés avidement par des langues d'algues dardées sur des coquillages gonflés d'iode et des germes prodigieux de vie.

 

Q

UENOUILLE. Il faut laisser à la femme le symbole de gardienne du fil de nos jours, habilement tissé entre temps passé, temps vécu et temps choisi, qu'elle a l'art de dévider tout en protégeant l’ardeur de l'âtre et la flamme du foyer pour abolir tout temps perdu .

.Et si elle ne compte pas sa peine, c'est qu'elle sait, que le temps d'aimer lui est compté comme pauvre mais, ô combien, ardent salaire de sa fidélité !

 

R

EVES. Ce sont les fils de ma trame: fins, légers, diaphanes mais tellement résistants, que ni la laideur ni le mépris ni l'oubli ni la mort ne parviennent à interrompre ni leur force ni leur influence.

Et quand bien même l'éruption de cette lave incandescente parviendrait à pétrifier vos sentiments et vos passions, sachez que même après bien des années je pourrais, à plaisir, les exhumer, tout aussi intacts et vivaces, sans le moindre effort, fût-ce de mémoire.

Et sais-tu que c'est, parce que tu rêves de l'une ou de l’autre de mes images charnelles, que tu te prends à aimer sans, toujours, oser te l'avouer.

 

S

IDA. Tu n'es pour moi qu'une maladie aussi mystérieuse et ravageuse qu'en son temps la lèpre, la peste, le choléra, la rage, la tuberculose ou le cancer.

Je ne saurais donc tolérer, que l'on m'attribue la responsabilité exclusive de cette nouvelle pandémie, comme d’un effet couramment inévitable et pervers de la saine pratique amoureuse et sexuelle.

"La mort dans l'âme" ne signifiera, heureusement, jamais pour moi, que l'âme et, donc, l'amour puissent être irrémédiablement voués à la mort.

 

T

ENDRESSE. Tu n'es que la convalescence ou la senescence de la Passion et tu ne peux, donc, légitimement prétendre qu'aux mamours pastels colorés d'égards et de reconnaissance affectueuse sous un ciel de compromis.

Car ce serait un abus de confiance ou une escroquerie, que de chercher à insinuer, que tu pourrais, ès qualités, te substituer à moi.

Mes tourtereaux, vous sentiriez-vous, longtemps, le goût et le droit de ne respirer que l'hypocrisie entre et autour de vous ?

 

U

TERUS. Réceptacle intime dans lequel Vénus m'invite parfois à l'engourdir de semence et de joie. Réjouissons-nous donc que le champ soit au premier qui le sème, la moisson au premier qui la récolte ; la farine au premier qui la moud et le pain au premier qui le mange.

C'est pourquoi la paternité peut être, parfois, sujette à caution mais demeure, incontestablement, la composante la plus précieuse et incontournable du secret de la Création.

 

V

ICE. Tu es le revers de la vertu, que mes flèches ne se font pas faute d'atteindre, quand il s'agit de toucher, coûte que coûte, une cible comme un gibier pour le tenir à sa merci.

Mais tu agis aussi comme ces puissants stupéfiants, qui surdimensionnent les pulsions, les sentiments, les désirs et les exploits en évacuant tous les interdits et les refoulements, les complexes et les tabous devant l'avide satisfaction de nos instincts; d'autant plus excitants et irrépressibles, qu'ils sont, le plus souvent, lubriques et dominateurs.

 

W

AGON - LIT. Toi, qui emportes nos élans et nos désirs douillettement bercés par le trommel glissé des rails dans la nuit, tu ne peux qu'ajouter ta fugitive magie au sel d'une évasion assurée et réussie dans l' effusion réciproque, qui se hâte à bouche que veux-tu pour mieux tenter de nous éterniser.

 

X

. Toi, qui symbolises l'hermétisme et la prédominance de la Connaissance Polytechnicienne, tu n'es pas encore parvenu à me mettre en équation !

Ton uniforme, ça n'est que du " pipo " mais ça t'aide à communiquer l'illusion que, mon alpha et mon oméga n'ayant pas de secret pour toi, ils sont déjà, quasiment, à tes pieds .

Vanitas vanitatum !!

 

Y

EUX. Ils sont à l'âme des amoureux, ce que la voix est à leur coeur mais avec tout un langage muet et mobile, dont l'éblouissante richesse n'a rien à envier à mes plus beaux accents.

Sans eux vous seriez tous des aveugles cherchant désespérément le chemin étoilé du bonheur.

Et je serais resté, impuissant et oublié, sur le bord de quelque route ignorée !

 

Z

ODIAQUE. De ses constellations jalonnant l’année et influençant les cieux, la terre et les hommes je demeure le lien unique et universel, qui peut relier l'énergie des Mondes et l'Amour des Etres pour donner à chacun l'accès à l'unité primordiale de la chaîne ininterrompue de la Création .

 

 

Voici les premières confessions constellées de mon hymne à l' Amour de l’Humanité !

 

                -6                                                                                                          CALVERO



13/03/2019
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